Dénutrition chez la personne âgée : facteurs de risque et prévention

La dénutrition chez la personne âgée est un problème courant et souvent sous-estimé. En effet, à partir d’un certain âge, plusieurs facteurs de risque spécifiques peuvent contribuer à entraîner une perte de poids et potentiellement, une dénutrition. Heureusement, des solutions existent pour prévenir ce phénomène, combinant une alimentation adaptée et une activité physique régulière.

À partir de quel âge est-on une « personne âgée » ?

Il n’existe pas de personne âgée “type”. Certaines personnes de plus de 80 ans possèdent des capacités physiques et mentales équivalentes à celles de personnes jeunes. Chez d’autres, au contraire, le déclin des capacités survient plus tôt. 
En France, la Haute Autorité de Santé a publié des recommandations s’adressant spécifiquement à la personne âgée de 70 ans et plus.

Rappel sur la dénutrition

La dénutrition survient lorsque les apports alimentaires ne sont plus suffisants et ne répondent plus aux besoins quotidiens en protéines et en énergie. Cela aboutit à une diminution progressive de la masse maigre (muscles) et de la masse grasse. Cette perte de poids peut entrainer un état de dénutrition qui a des conséquences importantes sur la santé.

Pour en savoir plus : Qu’est-ce que la dénutrition et quelles sont ses conséquences ?

Les principaux facteurs de risque de dénutrition chez la personne âgée

Facteurs de risque non-spécifiques

Certains facteurs de risque de dénutrition ne sont pas spécifiques de la personne âgée. Les maladies telles que les cancers, l’insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale ou hépatique, les pathologies digestives, inflammatoires ou infectieuses chroniques entraînent des risques de dénutrition, quel que soit l’âge.

Facteurs de risque spécifiques à la personne âgée

D’autres facteurs de risque de dénutrition sont spécifiquement liés aux personnes âgées : 

• Facteurs psycho-socio environnementaux : isolement, deuil, difficultés financières, maltraitance, hospitalisation, entrée en institution
• Dépendance pour les actes de la vie quotidienne : alimentation, mobilité
• Troubles bucco-dentaires : difficultés à mastiquer, mauvais état dentaire, appareil dentaire mal adapté, sécheresse de la bouche, candidose, altération du goût
• Troubles de la déglutition : pathologies ORL, pathologies neurologiques dégénératives ou vasculaires
• Troubles psychiatriques : syndromes dépressifs, troubles du comportement
• Syndromes démentiels et autres troubles neurologiques : Alzheimer, démences..
• Toute affection aiguë ou décompensation d’une pathologie chronique : diabète, douleur, pathologies infectieuses, fracture entraînant une impotence fonctionnelle, intervention chirurgicale, constipation sévère, escarres
• Traitements médicamenteux : polymédication, corticoïdes...
• Régimes restrictifs : sans sel, amaigrissant, diabétique, hypocholestérolémiant, sans résidu

Comment prévenir la dénutrition chez une personne âgée ?

La prévention par la nutrition

Une surveillance régulière du poids permet de détecter une perte de poids significative. Il est recommandé de se peser régulièrement et de noter son poids : 1 fois par mois ou 1 fois par semaine en cas de dénutrition déjà installée.

Une alimentation adaptée et enrichie en énergie et en protéines, peut contribuer à la reprise de poids et l’amélioration de la force musculaire.

A lire : Des conseils pour enrichir mon alimentation 

Les besoins énergétiques d’une personne âgée en bonne santé sont estimés à 30 kcal/kg/jour en moyenne. Par exemple, une personne qui pèse 60 kg devrait prendre 30 x 60 = 1800 kcal par jour.

Cependant, les besoins de chaque personne varient en fonction de son niveau d’activité physique et de son état de santé. Si la personne âgée est dénutrie, un apport énergétique plus important, allant jusqu’à 40 kcal/kg sera plus favorable à une reprise de poids.

Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, les besoins en protéines chez les personnes âgées sont plus importants que chez les adultes jeunes. En outre, un apport protéique élevé permet de prévenir la perte de muscles.

Ainsi, les apports en protéines recommandés sont de 1g chez la personne âgée en bonne santé et jusqu’à 1,5 g/kg/jour en cas de dénutrition.

A lire : Où trouver des protéines dans mon alimentation ?

La prévention par l’activité physique

L’activité physique régulière, en parallèle des mesures sur l’alimentation, permet de maintenir ou regagner de la masse musculaire. 
Des professionnels de santé, tels que les kinésithérapeutes et les enseignants en activité physique adaptée peuvent proposer un programme d’exercices adaptés aux capacités physiques de la personne et à son état nutritionnel.

A lire : En pratique, quels types d’activité physique ?

Conclusion

Chez les personnes âgées, des facteurs de risque de dénutrition spécifiques liés à l'âge s'ajoutent aux facteurs de risque liés aux maladies. Afin de prévenir le risque de dénutrition, une surveillance du poids régulière, une alimentation adaptée pour couvrir les besoins en protéines et énergie sont recommandés. L’activité physique régulière, en parallèle des mesures sur l’alimentation, permet de maintenir ou regagner de la masse musculaire.

Sources et liens externes :

Santé Publique France
Organisation mondiale de la Santé. Rapport mondial sur le vieillissement et la santé. Genève : OMS, 2016 : 296 p. En ligne : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs404/fr/
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3165944/fr/diagnostic-de-la-denutrition-chez-la-personne-de-70-ans-et-plus 
Questions de Nutrition Clinique de la personne âgée. 2019. Editions de la SFNCM.
Agathe Raynaud-Simon & Manuel Sanchez (2024) Stratégie de diagnostic et prise en charge de la dénutrition : personne de 70 ans et plus. In : Traité de nutrition clinique à tous les âges de la vie. Editions de la SFNCM. Chapitre 43. In press
European Union Geriatric Medicine Society